Les origines primitives de l'art abstrait

Publié le 5 avril 2025 à 10:57

Les origines primitives de l'Art Abstrait

Quand on pense à l’art abstrait, des noms comme Kandinsky, Mondrian ou Malevitch viennent spontanément à l’esprit. Mais si l’on gratte sous la surface de l’histoire de l’art, on découvre que l’abstraction ne date pas du XXe siècle. Bien au contraire : ses racines plongent dans les temps les plus anciens, jusque dans l’art des civilisations dites « primitives ».

L'abstraction avant l'histoire

Bien avant les premières écritures, les humains dessinaient déjà. Les parois des grottes comme celles de Lascaux, Chauvet ou Altamira témoignent d’un imaginaire symbolique riche. Certes, on y retrouve des représentations figuratives — bisons, chevaux, mains — mais aussi des formes géométriques : points, spirales, lignes, motifs répétés, grilles. Ces éléments, souvent ignorés, relèvent pourtant d’une pensée visuelle abstraite.

Ces signes, épurés, sont les premières tentatives humaines d’exprimer une idée, un rythme ou un monde invisible. Ils ne représentent pas le monde tel qu’il est, mais le monde tel qu’on le ressent.

Une définition presque parfaite de l’art abstrait.

Pictografías en la Cueva de Punta del Este.

Symboles, rituels et spiritualité

Dans de nombreuses cultures autochtones — en Afrique, en Océanie, en Amérique précolombienne — l’art est lié au sacré. L’artiste n’est pas un créateur isolé, mais un médiateur entre les mondes. Les formes abstraites servent à représenter des forces invisibles : esprits, ancêtres, énergies.

Les motifs utilisés dans ces arts rituels (zigzags, cercles concentriques, quadrillages…) ne sont pas de simples ornements. Ils sont porteurs de sens, d’histoires, de pouvoirs. Ils incarnent une logique abstraite, codée, transmise de génération en génération.

L'influence sur les artistes modernes

Les pionniers de l’abstraction du début du XXe siècle ont été profondément marqués par ces formes d’expression ancestrales. Kandinsky, par exemple, cherchait à peindre « l’invisible », influencé par la musique, la théosophie mais aussi par l’art tribal qu’il découvrait dans les musées ethnographiques. Picasso lui-même, dans sa période africaine, a puisé son inspiration dans l'art des masques.

En redécouvrant l’art dit « primitif », les artistes modernes ont compris que l’abstraction n’était pas une invention nouvelle, mais une réminiscence d’un langage ancestral, universel, instinctif.

extrait du tableau  de Picasso "Les demoiselles d'Avignon"

extrait du tableau

de Picasso "Les demoiselles d'Avignon"

Une mémoire collective !

L’abstraction est peut-être l’expression la plus ancienne — et la plus pure — de la sensibilité humaine. Elle dépasse les frontières, les cultures, les époques. Elle nous relie à quelque chose de fondamental, de primitif, au sens noble du terme : ce qui est premier, ce qui est originel.

À travers mon travail artistique, je ressens souvent cette filiation invisible. Créer une œuvre abstraite, c’est comme se connecter à une mémoire collective, archaïque, presque chamanique. Une manière de parler sans mots, d’explorer l’invisible, de convoquer l’âme du monde.

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